Repères La limite de tolérance L'année des convulsions Paris, enfin, les a vus La chute |
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La chute |
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Des expulsions pour satisfaire l'opinion, une gigantesque opération de tri qui rappelle les temps de l'Occupation, des crimes réfutés et cachés. Est-ce résumer Octobre 1961 ? Non. Des hommes ont tué et noyé, tentant dans un même mouvement d'effacer et leur geste et la victime. Ils ont eux aussi sombré. Depuis, la vérité est impossible à repêcher. Les morts ne sont pas dénombrés, leur nom est oublié. |
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Dans la nuit du 17, la préfecture communique aux téléscripteurs des agences : une dizaine de policiers ont été blessés, deux Algériens et un Français ont été tués. Abdelkader Derounes et Lamar Achemoune, abattus avenue du Général De Gaulle, à Puteaux, n'auraient jamais dû quitter Nanterre et Bezons pour aller manifester. Quant à Guy Chevalier, victime du hasard, pourquoi avait-il choisi ce soir-là pour flâner ? Trois morts... La presse du lendemain s'en tient là. Dans les jours qui suivent, le FLN annonce cinquante morts. Quelques journaux reviennent sur les chiffres, sans plus de précisions. Les tués du 18 passent eux aussi quasiment inaperçus. Puis la Seine se met à rejeter des cadavres. Deux corps sont repêchés à Argenteuil le lundi 23 puis, le 24, trois au pont de Bezons et un au Pont-Neuf. De nouveau à Argenteuil, le 28, et le 31 c'est au pont de Sèvres. Tous sont Algériens, les uns ont les mains liées dans le dos, les jambes ficelées, la plupart ont des traces de coups à la tête. Comment prouver qui les a tués ? Début novembre, quarante corps sont enregistrés à l'Institut médico-légal. Le ministre de l'Intérieur admet alors six morts pour l'ensemble des manifestations. Aujourd'hui, toutes plaintes rassemblées, le FLN estime le bilan à deux cents morts et quatre cents disparus. |
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Roger Frey, ministre de l'Intérieur : du silence avant toute chose. Au lendemain du 17, Paris s'indigne mais Paris ne bouge pas. Seule une minorité de non-Algériens exige la fin de la guerre au nom de la dignité. La majorité finira pourtant par s'ébranler, et exiger elle aussi la paix. Mais ce sera d'abord pour sa tranquillité. Les Algériens gagneront leur rive. Les Français resteront ancrés à la leur. Et dans le silence qui s'installera, persistera comme une limite de tolérance qui reste à effacer. Haut de page |
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