Repères La limite de tolérance L'année des convulsions Paris, enfin, les a vus La chute |
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La limite de tolérance |
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Au ras du pavé on les appelle les ratons, les bougnoules. Dans les salons, l'administration, les Nord-Africains, les Français musulmans, ou même déjà les immigrés. Algériens ? Jamais ! Ce serait nommer l'évidence, reconnaître qu'un peuple a le droit de s'arracher à l'écrasement colonial. La République ne le tolère pas. Des années durant, les Algériens de France butent contre ces mots qui partout, dans les rues, au travail, leur martèlent les limites à ne pas franchir. |
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À Nanterre, dans les années cinquante, dix mille Algériens vivent dans ces taudis, devant lesquels la majorité des Français passe sans s'arrêter. Anodine pour ceux qui vécurent là, l'image leur évoque les rats. Les enfants jouaient à les attraper. Les adultes ne dormaient que d'un il, de peur que les nourrissons ne soient agressés. Mais ces rats-là, ce n'était rien ! Tous le disent: la peste venait des harkis, les supplétifs algériens de la police française. La résorption des bidonvilles ne sera achevée qu'en 1972. |
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« On vivait sans cesse à l'heure des arrestations, se souvient Henri Benoits, syndicaliste chez Renault ; chez Renault, les Algériens étaient convoqués au bureau du personnel, soi-disant pour motif de service. Là, la police les alpaguait. Oui, la police entrait dans l'usine. Quand on a protesté, la direction a répondu que s'y opposer dépassait sa compétence. Du coup, personne n'a plus répondu à ces convocations. Les policiers ont alors changé de tactique. Comme ils n'osaient tout de même pas venir jusqu'aux chaînes, ils envoyaient les gardiens de l'usine dire : Un copain t'attend à la porte . Quand c'est arrivé à Ghani, l'atelier, qui était à 80% algérien, a débrayé jusqu'à ce que le gardien reparte. Vers midi, on l'a évacué sur une planque de la ville. C'était définitif, il était trop recherché. Il a fallu lui récupérer sa paie. Un copain qui lui ressemblait l'a touchée à sa place. Pour l'administration, les Algériens se ressemblaient tous... » |
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